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Facebook, tablette de coco et jasmin.

Par Lou Dane
Première publication : Automne 2019


Si aujourd’hui les relations amoureuses, éternelles ou éphémères, se nouent d’emblée sur les milliers de réseaux sociaux qui entrelacent le globe terrestre, il n’en fut pas du tout ainsi autrefois. Dans l’Italie médiévale, par exemple, l’amoureux passionné restait des nuits entières sous le balcon de sa belle adorée à jouer de la mandoline et à chanter d’une voix plaintive ou brûlante son indestructible amour qui ne demandait en retour qu’un sourire ou un signe de la main.

Shakespeare a mis en scène Roméo qui s’introduisait comme un voleur dans la chambre de Juliette pour cueillir les doux fruits de l’amour et ce couple qui défiait en cachette l’hostilité mortelle régnant entre ses parents est demeuré symbolique dans l’univers des amoureux.

Mais cependant les cordes aux balcons ou aux fenêtres ne furent nullement les uniques voies de communication entre les amants confrontés aux obstacles de l’amour défendu. Le sociologue haïtien du début du XXe siècle, Lorimer Denis, nous apprend qu’en Haïti, les amants clandestins de cette époque de mœurs sévères firent preuve de génie dans leurs astuces et trouvailles destinées à tromper la trop rigoureuse vigilance des parents.

C’était l’époque de la signification des fleurs, des vêtements… voire des bonbons et des fruits.

Tel le jasmin disait « Je t’aime à la folie. » Toucher un foulard sur le cou, c’était dire « Mon amour peut paraître léger et cependant je suis fidèle. » Passer les mains sur les cheveux: « À toi toutes mes caresses. »

Et les bonbons et les fruits.
Si de son amoureuse le don Juan recevait une tablette de coco, c’était lui dire: « Je maudis mille fois le jour où je t’ai vu. »

Au lieu de la tablette de coco, un melon, la jeune fille énamourée: « Mon cœur est à vous, prenez-le sans détour. »

Tant de fois, l’amour a vaincu la haine grâce aux hiéroglyphes du cœur.





 
 

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