Si aujourd’hui les relations amoureuses, éternelles ou
éphémères, se nouent d’emblée sur
les milliers de réseaux sociaux qui entrelacent le
globe terrestre, il n’en fut pas du tout ainsi autrefois. Dans
l’Italie médiévale, par exemple, l’amoureux
passionné restait des nuits entières sous le balcon de
sa belle adorée à jouer de la mandoline et à
chanter d’une voix plaintive ou brûlante son
indestructible amour qui ne demandait en retour qu’un sourire
ou un signe de la main.
Shakespeare a mis en scène Roméo qui s’introduisait comme un
voleur dans la chambre de Juliette pour cueillir les doux fruits de
l’amour et ce couple qui défiait en cachette l’hostilité
mortelle régnant entre ses parents est demeuré
symbolique dans l’univers des amoureux.
Mais cependant les cordes aux balcons ou aux fenêtres ne furent
nullement les uniques voies de communication entre les amants
confrontés aux obstacles de l’amour défendu. Le
sociologue haïtien du début du XXe siècle, Lorimer
Denis, nous apprend qu’en Haïti, les amants clandestins de
cette époque de mœurs sévères
firent preuve de génie dans leurs astuces et trouvailles
destinées à tromper la trop rigoureuse vigilance des
parents.
C’était l’époque de la signification des fleurs, des vêtements…
voire des bonbons et des fruits.
Tel le jasmin disait « Je t’aime à la folie. »
Toucher un foulard sur le cou, c’était dire « Mon
amour peut paraître léger et cependant je suis fidèle.
» Passer les mains sur les cheveux: « À toi toutes
mes caresses. »
Et les bonbons et les fruits.
Si de son amoureuse le don Juan recevait une tablette de coco, c’était
lui dire: « Je maudis mille fois le jour où je t’ai
vu. »
Au lieu de la tablette de coco, un melon, la jeune fille énamourée:
« Mon cœur est à vous, prenez-le sans détour.
»
Tant de fois, l’amour a vaincu la haine grâce aux hiéroglyphes
du cœur.