L’histoire d’Haïti classique a relaté les guerres inter-coloniales qui ont fait
rage (après l’extermination des premiers habitants de l’île) sur le sol saint-dominguois entre les XVIème
et XIXème siècles. Les principales puissances de l’époque, l’Espagne, la France et l’Angleterre
se battirent avec acharnement pour le contrôle de ce petit territoire qui occupait une position stratégique de première
importance dans la mer des Caraïbes.
Les nombreuses mines d’or, les indigoteries, les plantations luxuriantes de canne-à-sucre, de
café et de tabac, les esclaves africains taxés de « bois d’ébène » et considérés
comme une simple marchandise se trouvaient aussi au cœur des enjeux qui suscitèrent des luttes impitoyables et sanglantes
entre les grandes monarchies d’Europe partout sur les mers et les terres du Nouveau Monde.
C’est dans ce cadre qu’apparut un jour Toussaint Louverture, chavirant toutes les données
avec une toute nouvelle proposition : celle d’une armée exclusivement composée d’esclaves et d’anciens
esclaves ayant pour objectif d’anéantir le système esclavagiste et de proclamer l’indépendance de l’île
de Saint-Domingue sous son ancien nom arawak : Haïti. Ce projet se concrétisa bel et bien le premier janvier 1804, mais
Toussaint, précédemment enlevé par l’armée napoléonienne, déporté et emprisonné au
fort de Joux en France, mourut sans voir ce jour.
Ces importantes guerres inter-coloniales et antiesclavagistes se déroulèrent surtout dans le Nord, le Centre et le Sud de Saint-Domingue.
Cependant d’autres batailles entre ressortissants européens se déchaînèrent aussi dans d’autres parties
de l’île.
L’historien Semexant Rouzier nous apprend que le Nord-Ouest accueillit dès 1763 sur ses rivages
« de nombreux Allemands et Polonais qui se marièrent entre eux et se fixèrent surtout à la Baie de Henne,
Bombardopolis, la Plateforme… » Les conflits ne tardèrent pas à éclater avec les Anglais qui se
trouvaient déjà dans les parages.
Toujours selon Rouzier : « En
mars 1794, les Anglais du Môle St Nicolas marchèrent contre Bombardopolis défendu par 150 Allemands qui tuèrent
16 Anglais et firent 36 prisonniers. « Le 14 juin 1796, nouvelle offensive des Anglais au nombre de 2000 contre Bombardopolis
défendu par 300 Allemands et sangs-mêlés Allemands et Africains qui capitulèrent après d’âpres
combats. « Mais peu de jours après, les Anglais évacuèrent la place devant les assauts du
général français Pageot et perdirent 400 hommes. »
De passage
Arrivé plus tardivement (1889) avec sa famille en Haïti, le consul général du
Reich, Heinrich Goering, est le père d’Hermann Goering que sa mère alla accoucher in-extremis, en 1893, en Allemagne.
Grand dirigeant du parti nazi, décoré par Hitler de la Grande Croix de fer et promu maréchal du IIIème Reich
puis commandant de la Luftwaffe, Goering était pourtant un toxicomane invétéré qui se suicida en 1946 en
s’empoisonnant avec une capsule de cyanure pendant le procès de Nuremberg où furent jugés les principaux criminels
nazis.
Puisque sa mère, enceinte en Haïti, a eu la clairvoyance d’aller le mettre au monde en
Bavière (où est justement situé Nuremberg), nul ne dira que c’est en Haïti que le maréchal a
contracté ses bonnes habitudes.